Comores : la Radio Domoni Inter sanctionnée.. Comores Télécom lui a résilié l’internet.
06 Feb 2015 - 23h27
A
Anjouan, la Radio Domoni Inter, seule media dans l’île qui diffuse sur le web a
été frappée ce vendredi 06 février d’une triste nouvelle. Depuis des semaines,
la ligne téléphonique était en panne, mais au final on a compris que c’était un
coup monté par la société pour couper les fils téléphoniques reliant la maison
de la Radio à ne plus avoir la téléphonie.
« Je m’étonne de
la gravité de cette sanction et soulève la question de la proportionnalité.
Là ils sont rentrés à la mosquée avec les chaussures » (Papamwegne)
Par
ailleurs, Domoni Inter n’a pas été informée de cette interruption, la seule
information qui nous est parvenue « il vous reste 5000 Fc à payer (environ
10€) pour le mois de janvier 2015, ensuite vous devez aller formuler une lettre
de demande de ligne » nous martèle un responsable de Comores Télécom.
Une
autre demande de ligne pourquoi faire, alors que la radio est déjà client fidèle
depuis 2006.
Ce
n’est pas la première fois qu’on vienne piétiner sur le tapi rouge de Domoni
Inter.
A plusieurs reprises on a tenté la fermeture de la Radio, par les
autorités et sans succès de leur part. On a compris que c’est par rapport à la
ligne éditoriale de la station qui est indépendante et qui donne l’accès à tous
les citoyens qui leur dérange.
Domoni
Inter est une Radio associative, media généraliste indépendante. Elle n'existe que depuis 2006, et elle a lourdement
investi pour être présente à travers les Comores et dans le monde avec une
programmation de qualité. Elle
joue aussi le trait d’union des comoriens qui sont aux Comores et ceux qui sont
à l’étranger par des émissions d’échanges et de développements.
Cette
sanction tombe juste en cette période électorale et on craint que la
résiliation de l’ADSL aurait un lien avec, car ça se pourrait qu’on a diffusé
des émissions avec des candidats qui sont dans l’opposition, alors que la
station a ouvert ses antennes à tous les partis que ça soit politique ou
social.
Ce
n’est pas aussi un secret lorsqu'on a eu quelques agents de Comores Télécom
pour leur exposer nos doléances afin de nous donner la cause exacte de la
résiliation du contrat du téléphone car ce n’est pas une somme de 10 euros qui
va enrichir la société. Ces agents nous ont rien caché, on a découvert que
même leurs responsables leurs ont imposé de voter pour les candidats du pouvoir, et celui qui votera contre le pouvoir se verrait licencier de Comores Télécom.
C'est
cette « période d’élection aux Comores » qui a « visiblement
donné lieu à une mauvaise vision par Comores Télécom, la seule société de télécommunication aux Comores,
dirigée par l’Etat. La sanction touche durement la radio, financièrement, car c’est
une association qui n’a aucun budget de fonctionnement, mais pour faire tourner
la radio, il faut attendre la saison des mariages pour diffuser la publicité et
gagner un peu d’argent, sinon ce sont les membres de la radio qui cotisent de
leur poche pour le bon fonctionnement (Payer l’électricité, la téléphonie, le
site WEB, les déplacements pour recueillir les infos et la maintenance des
équipements).
A rappeler que l'avenir
même de la radio repose sur ses membres mais aussi à nos partenaires locaux et internationaux qui nous
ont toujours apporter leur confiance en particulier RFI (Radio France internationale),
la Radio des Nations Unies, et les associations de la diaspora comorienne à l’étranger…
Dans
la soirée du 6 février 2015, plusieurs auditeurs nous ont adressé des messages,
« Bonsoir Directeur, je viens de voir que Comores Télécom vous a résilié l’internet,
pourquoi tu ne m’as pas dit ? » ou encore cette auditrice depuis
Paris « tu sais c’est la radio qui me fait oublier les soucis et si ça
marche plus, ça va pas du tout. Là on me harcèle sur facebook jusqu’à me
retirer. Pourquoi on veut me retirer aussi de la radio, Et là elle vient
tout juste de s’arrêter. Elle marchait tout à l'heure et tout d'un coup je n’ai
rien compris.
Mais
comme l'indique mon article, je reste à m’interroger sur la
« proportionnalité » de la sanction « par rapport aux griefs qui
nous sont tenus par Comores
Télécom.
Par Soilah Naouir Papamwegne (Journaliste
et Directeur de Radio Domoni Inter)