Loulou hôtel, ce joyau victime des gouvernements successifs.
26 Feb 2019 - 09h03
Il y a encore quelques années, Loulou
Hôtel de Domoni Anjouan était connu parmi les célèbres structure hôteliers de
la région. Depuis son ouverture en 2000, Amir Djaffar, son Directeur s’est
investi à fond pour faire de l’hôtel mais aussi de l’île d’Anjouan un joyau.
Malheureusement, les gouvernements successifs
ne cessent de lui mettre des bâtons dans les roues.
Ce chef d'entreprise qui a toujours
fourni ses forces afin de soutenir les gouvernements comoriens n’a reçu au
retour que des déceptions. Il est à chaque fois payé en monnaie de singe.
« En 1991, j’ai investi sur l’automobile. J’ai avancé au gouvernement à
l’époque des voitures kits. Tout ce courage, pour mettre en valeur le pays.
Mais après je n’ai pas été payé. J’ai dû vendre ma première maison à Mayotte
pour me remettre les pieds sur terre et rembourser les dettes ».
Après avoir fini de payer ses dettes
sur les kits de voitures, est venu l’histoire de l’Hôtel Loulou.
L’investissement dans l’hôtellerie a
connu dès son ouverture un grand succès. La ville de Domoni fut ouverte et
commencer à attirer du monde. Ceux qui étaient restés à Moroni ou Mutsamudu
auparavant se sont trouvés une place à Domoni. Un hôtel digne de ce nom venait
de s'implanter dans cette troisième grande ville de Ndzuani. La gestion de
l'établissement ne s’improvisait pas.
L’équipe dirigeante était compétente et très accueillante.
Loulou hôtel a accueilli du monde
depuis son ouverture et tout marchait si bien comme le souhaitait son
gérant. Et pataras. En 2008 une autre
page s’ouvre. C’est l’époque où les militaires soudanais (de l’Union Africaine)
étaient à Anjouan pour déloger le colonel Mohamed Bacar.
Ces militaires sont allés saccagés
l’hôtel sans raison apparente. Le gouvernement de l’époque avait promis un
remboursement qui sera jamais honoré.
Impossible de réparer tout ce qui a
été détruit,portes, climatiseurs, objets d’arts, frigos, congélateur et autres.
Selon les estimations du gérant, le montant des dégâts s'élève à plus
de 50 millions de francs comoriens. Il décide alors de mettre les clés
sous le paillasson. Il quitte Anjouan et part s’installer quelques années
encore à Mayotte où il fait tout pour amasser quelques sommes pour pouvoir
payer ses dettes. Il a en tête de rouvrir Loulou Hôtel.
En 2015, à la veille des élections
générales au pays, le patron de Loulou a tout mobilisé son économie pour
remettre en route l’Hôtel. Il s'est dit qu’avec un nouveau régime, tout peut
basculer à son profit.
Il met à jour ses impôts à Anjouan,
et prêt à relever le défi pour un hôtel pour tous.
Mais une fois de plus le pire
s’invite sans attendre. Cette fois-ci c’est la société d’électricité d'Anjouan
(EDA) qui s'en mêle. Un releveur de compteur de la société arrive un bon matin
à l’hôtel pour un contrôle. En quittant le lieu, il s’empare du compteur et
part sans explication.
Amir a cherché à savoir le pourquoi
de cette mesure, le Directeur de la
société à cette époque lui répondra qu’aucune charge n’a été retenue contre
l’hôtel, mais c’est juste pour une vérification.
Une enquête relèvera après quelques
jours que ce directeur voudrait juste se venger contre le patron de Loulou
hôtel, qui n’est autre que le frère d’Anzim Djaffar, car ce dernier l'avait un
jour accusé de vol. Une histoire qui remonterait d'une une vingtaine d’années.
Loulou hôtel est, depuis, resté
privé d'électricité pas à cause d'impayés de ses facture auprès d'Eda mais à cause d’une vengeance.
Le patron de Loulou n'a pas baissé
les bras même si au final il se demande comment doit-il faire pour qu’un
gouvernement finisse par mesurer combien il apporte sa contribution pour le développement du secteur touristique dans
l'archipel et l'encourager.
Maintenant notre patron se pose des
questions « Est-ce que vraiment nos
gouvernants ont besoin d’un développement dans ce pays ? Il faut toujours continuer à investir sans
retour ? ».
Après qu’on lui a arraché son
compteur, il n’a pas cherché à poursuivre l’affaire, sachant qu’il est un petit
grain de riz au pays des coqs. Il s’est encore investi à hauteur de six
millions de francs comoriens pour s’acheter des panneaux solaires et un groupe
électrogène afin d’équiper Loulou en énergie. Ce n’est pas tout mais notre
généreux patron vient récemment de passer une commande d’engins
de chantier qui peuvent servir à mettre en œuvre différentes
couches de chaussées ou réparer des routes.
A plusieurs
reprises il a essayé de bénéficier une
exonération auprès de l’Etat afin de dédouaner le matériel, en vain. Son
matériel est toujours resté cloué à la douane de Mutsamudu.
Pendant ce temps nous voici en pleine
période d’élection et dans les quatre coins du pays, des candidats aux
élections présidentielles ne parlent que de développement, de changement voire
même d’Emergence.
« Comment allons sous avancer si on resserre l' étau aux
investisseurs ? Qui peut nous avancer le pays sans notre contribution ? »,
S’interroge le patron de Loulou, sans
réponse.
Naouir Eddine Papamwegne